Le faux avocat prétendait sauver les permis de conduire
Viviane (1) n’a pas compris quand l’huissier est venu, début décembre 2010, lui réclamer de l’argent pour une publicité. Cette mère de la famille de la région de Fougères apprend alors qu’elle est présidente d’une association de défense des automobilistes. Les surprises ne s’arrêtent pas là. Fin décembre, elle reçoit une convocation au tribunal correctionnel de Rennes pour exercice illégal de la profession d’avocat ! Elle finit par réaliser qu’elle a été victime d’une tromperie. En 2008, un père était entré au bureau de l’association des parents d’élèves présidée par Viviane. Le nouveau venu, âgé d’une quarantaine d’années, présente bien et gagne la confiance des autres parents. Personne ne se doute qu’il va utiliser leur identité à leur insu pour déposer les statuts de SOS Permis assistance, fin 2008, à la préfecture de Rennes.
Des dizaines de victimes
L’association prétend redonner leur permis aux conducteurs, de sauver les permis de conduire. Le marché, avec la répression accrue contre les chauffards, est en pleine expansion. L’usurpateur se fait passer pour un avocat. Me B. démarche dans toute la France. La réussite est fulgurante même si les tarifs ne sont pas donnés. Plusieurs milliers d’euros : c’est le prix à payer si on veut rester au volant de sa voiture.
SOS Permis assistance se fait vite connaître. Me B. accorde des interviews à plusieurs journaux nationaux, à des télés, des radios racontant comment il déniche des failles juridiques pour contester la légalité des sanctions. Il faisait illusion en affichant sur le site Internet de l’association des décisions de justice obtenues par d’autres avocats.
En fait, tout était bidon. La semaine dernière encore, un chef d’entreprise de la région de Fougères courait après Me B., qui lui avait réclamé 2 500 € pour sauver son permis… Mais son « avocat » avait pris la poudre d’escampette. Il se savait visé par une plainte d’un confrère, un vrai celui-là, Me Iosca, pour exercice illégal de la profession d’avocat.
Le faux juriste compterait des dizaines de victimes. En plus de SOS Permis assistance, Me B. avait monté une structure identique pour assister des particuliers dans l’immobilier.
C’est ainsi que Viviane se trouve aujourd’hui dans un tourbillon judiciaire avec lequel elle n’a rien à voir. Officiellement, elle est présidente de SOS Permis assistance mais elle n’en savait rien. Le 31 janvier, elle pourra le dire au juge, devant le tribunal correctionnel. L’auteur présumé de la supercherie est convoqué lui aussi.
Serge LE LUYER.
Ouest France